L’accessibilité numérique (RGAA, WCAG, EAA) : pour un Web ouvert à tous

8 Juil 2025

Naviguer sur un site Web, remplir un formulaire, lire un article, acheter un produit… Pour la plupart d’entre nous, ces gestes sont devenus banals. Mais pour des millions de personnes en situation de handicap, ces actions peuvent être rendues difficiles, voire impossibles, si les sites Web ne sont pas pensés pour être accessibles.

L’accessibilité numérique consiste à garantir que tout le monde puisse utiliser un site Web dans de bonnes conditions. Elle est à la fois une exigence technique, une obligation légale, et un engagement éthique.

Dans cet article, nous vous proposons un tour d’horizon complet de l’accessibilité numérique : définitions, obligations, bonnes pratiques, outils de test et conseils pour améliorer concrètement l’accessibilité de votre site Web.

Comprendre ce qu’est l’accessibilité numérique

L’accessibilité numérique désigne l’ensemble des pratiques qui visent à rendre les contenus et services en ligne compréhensibles, utilisables et accessibles à toutes les personnes, y compris celles en situation de handicap.

Cela concerne différentes formes de handicap :

  • visuel : cécité, basse vision, daltonisme ;
  • auditif : surdité, malentendance ;
  • moteur : difficultés à utiliser une souris, lenteur de déplacement ;
  • cognitif : troubles de l’attention, dyslexie, déficiences intellectuelles, etc.

Un site Web accessible permet à une personne aveugle d’utiliser un lecteur d’écran pour naviguer, à une personne sourde de lire une transcription vidéo, ou encore à une personne ayant des troubles moteurs de naviguer uniquement au clavier.

Mais au-delà des personnes en situation de handicap permanent, l’accessibilité profite à tous : navigation sur mobile, connexion lente, référencement, fatigue cognitive… autant de situations où un site Web bien conçu est plus confortable pour tout le monde.

Les obligations légales en France et en Europe

L’accessibilité numérique est encadrée par un ensemble de règles et de lois, tant au niveau français qu’européen. En France, c’est principalement le RGAA (Référentiel Général d’Amélioration de l’Accessibilité) qui définit les obligations en matière d’accessibilité des services de communication en ligne. Ce référentiel repose sur les standards internationaux WCAG (Web Content Accessibility Guidelines), mais les adapte au contexte français. En Europe, l’European Accessibility Act (EAA) est entrée en vigueur en juin 2025.

RGAA vs WCAG : quelle différence ?

Les WCAG, développées par le W3C, constituent la référence mondiale en matière d’accessibilité numérique. Elles sont organisées autour de 4 grands principes : le contenu doit être perceptible, utilisable, compréhensible et robuste. Chaque critère est classé par niveaux d’exigence : A, AA (niveau recommandé), et AAA (niveau maximal).

Le RGAA, lui, est un outil de mise en conformité plus concret, conçu pour les administrations françaises, mais aussi utilisé par des structures privées. Il reformule les exigences des WCAG sous forme de tests vérifiables pour chaque type de contenu Web.

L’European Accessibility Act (EAA)

À partir du 28 juin 2025, la directive européenne sur l’accessibilité des produits et services numériques — connue sous le nom d’European Accessibility Act (EAA) — entre en vigueur dans tous les États membres. Son objectif : garantir l’accès aux produits et services numériques à toutes les personnes, y compris celles en situation de handicap, en imposant de nouvelles exigences d’accessibilité à un large éventail d’acteurs économiques.

Qui est concerné ?

L’EAA s’applique aux produits multimédias (ordinateurs, smartphones, liseuses, équipements télévisuels…), aux terminaux en libre-service (bornes de billetterie, distributeurs bancaires, guichets automatiques…), ainsi qu’à de nombreux services numériques :

  • plateformes de commerce électronique,
  • services bancaires et d’investissement,
  • transports (billetterie, infos temps réel, applications mobiles),
  • services de médias audiovisuels,
  • téléphonie fixe et mobile.

Certaines entreprises sont exemptées :

  • les petites entreprises (moins de 10 salariés et moins de 2 M€ de CA ou de bilan) ;
  • les cas de coût disproportionné ou de modification fondamentale du service.

Quelles sont les conséquences d’une non-conformité ?

Outre l’exclusion de millions de personnes, la non-conformité peut entraîner des sanctions légales, mais aussi un manque à gagner en termes de visiteurs, de clients, de réputation et de performances.

Les bénéfices concrets pour toutes les entreprises

Au-delà des obligations, rendre son site Web accessible est une démarche stratégique, rentable et, avant tout, humaine.

Une meilleure expérience utilisateur

Un site Web accessible est souvent un site mieux pensé : plus clair, plus lisible, plus fluide. Cela bénéficie à tous les visiteurs, quels que soient leurs besoins ou leurs contraintes de navigation (mobile, lenteur de connexion, etc.).

Un référencement naturel (SEO) optimisé

Les bonnes pratiques d’accessibilité (structure logique, balises HTML bien utilisées, textes alternatifs…) sont aussi très favorables au SEO. Un site Web accessible est donc aussi un site plus visible sur les moteurs de recherche.

Une image de marque valorisée

Un site Web accessible renvoie une image positive, inclusive et moderne. Il montre que vous vous souciez de tous vos utilisateurs et que vous prenez en compte la diversité des besoins. C’est un signal fort, notamment dans les secteurs où la relation humaine est essentielle.

Un public plus large

En rendant votre site Web utilisable par les personnes en situation de handicap (soit plus de 12 millions de personnes en France), vous ouvrez votre offre à un public souvent oublié. C’est aussi un levier de fidélisation puissant : une personne bien accueillie est une personne qui revient… et qui recommande.

Les principes fondamentaux de l’accessibilité

Pour rendre un site Web accessible, il est nécessaire de respecter certains principes concrets et techniques. Voici les plus essentiels :

  • Structure claire : utiliser des titres hiérarchisés (H1, H2, H3…), une navigation logique, des blocs bien délimités.
  • Contraste suffisant : garantir une lisibilité entre le texte et l’arrière-plan, notamment pour les utilisateurs malvoyants ou daltoniens.
  • Contenus alternatifs : fournir des textes alternatifs (attribut « alt ») pour les images, des sous-titres ou transcriptions pour les vidéos.
  • Navigation au clavier : permettre de naviguer sans souris, uniquement via le clavier (tabulation, touches directionnelles).
  • Compatibilité avec les lecteurs d’écran : structurer le code HTML de façon propre, avec des balises explicites, pour que les outils d’assistance puissent interpréter correctement le contenu.

Ces principes doivent être pensés dès la conception du site Web, et maintenus tout au long de son cycle de vie (mises à jour, nouvelles pages, intégration de contenus).

Comment tester l’accessibilité de son site Web ?

Il existe plusieurs manières de vérifier si votre site Web répond aux exigences de l’accessibilité.

Tests automatiques :

Ces outils analysent le code et identifient des problèmes techniques, comme l’absence de textes alternatifs, les contrastes insuffisants, ou les balises mal utilisées, mais ils ne remplacent pas encore l’humain.

Tests manuels :

  • Naviguer au clavier uniquement (tabulation, entrée, échappement).
  • Utiliser un lecteur d’écran comme NVDA (Windows) ou VoiceOver (Mac).
  • Faire relire les contenus par des personnes non familières avec le site Web.

Audit professionnel :

Faire appel à un expert de l’accessibilité permet de réaliser un diagnostic complet et de prioriser les corrections. Certains proposent aussi des tests utilisateurs impliquant des personnes en situation de handicap, pour des retours très concrets.

L’accessibilité est un processus continu : il ne s’agit pas seulement de corriger, mais d’intégrer les bons réflexes dans toute la chaîne de production numérique.

Par où commencer pour améliorer l’accessibilité de son site Web ?

L’accessibilité numérique peut sembler complexe, mais elle peut être abordée progressivement, avec méthode et bon sens.

Prioriser les contenus stratégiques

Commencez par les pages les plus consultées, les plus commerciales ou celles qui conditionnent la navigation (page d’accueil, formulaire de contact, tunnel de commande…). Assurez-vous qu’elles soient utilisables par tous.

Corriger les erreurs critiques

Appuyez-vous sur les audits réalisés (automatisés ou manuels) pour identifier les blocages majeurs : images sans description, absence de titres, contrastes illisibles, etc. Ce sont souvent des erreurs faciles à corriger pour un gain immédiat.

Intégrer l’accessibilité dès la conception

L’accessibilité est plus simple (et moins coûteuse) à mettre en œuvre lorsqu’elle est pensée dès la création d’un site Web, et non en rattrapage. Cela implique de sensibiliser les développeurs, les designers, les rédacteurs… et de faire de l’accessibilité un critère comme les autres (ergonomie, SEO, performance).

Se former et sensibiliser les équipes

Une démarche d’accessibilité réussie repose aussi sur l’humain. Des formations régulières, des outils adaptés et une documentation claire permettent à chaque contributeur de produire du contenu accessible.

L’accessibilité, un engagement durable et éthique

L’accessibilité numérique dépasse le simple cadre technique. Elle reflète une vision inclusive du numérique et un engagement sociétal.

Rendre un site Web accessible, c’est :

  • valoriser la diversité des utilisateurs ;
  • respecter des valeurs fondamentales comme l’égalité et l’inclusion ;
  • réduire la fracture numérique ;
  • contribuer à un Web plus universel, plus humain, plus respectueux.

C’est une démarche continue qui nécessite implication, rigueur et ouverture. Mais c’est aussi une belle manière de démontrer que la technologie peut être au service de tous.

Combien coûtent un audit RGAA et une mise en conformité ?

Le coût d’un audit RGAA et d’une mise en conformité varie fortement selon la taille du site Web, sa complexité, son volume de contenus, et le niveau d’accompagnement souhaité.

Prix moyen d’un audit RGAA

Un audit d’accessibilité numérique réalisé par un professionnel peut coûter entre 4 000 et 8 000 € HT, en fonction du périmètre analysé (nombre de pages, fonctionnalités, etc.). Cet audit comprend généralement :

  • un état des lieux détaillé,
  • une grille de conformité RGAA,
  • une priorisation des corrections à effectuer,
  • parfois une réunion de restitution.

Coût de la mise en conformité

Le coût de mise en accessibilité dépend :

  • de la nature du site Web (vitrine, e-commerce, portail métier…),
  • de la technologie utilisée (CMS, développement sur-mesure…),
  • du niveau de conformité visé (AA minimum recommandé).

On estime généralement qu’un budget de 3 000 à 15 000 € peut être nécessaire pour rendre un site Web existant conforme, en fonction de son état initial. Il est souvent moins coûteux d’intégrer l’accessibilité dès la conception.

Des financements peuvent être mobilisés selon les structures (aides publiques, missions handicap, etc.).

L’accessibilité numérique, c’est comme l’écologie

C’est un fait : personne n’est parfait ! On ne rend pas un site Web conforme du jour au lendemain et sans un investissement humain et financier important, tout comme on ne sauvera pas la planète tout seul et en 24h. Mais chaque geste compte.

Tout comme lorsqu’on agit pour le bien de notre planète, ce sont les petites améliorations continues qui font la différence. Ajouter un texte alternatif à une image, vérifier le contraste des couleurs doit devenir aussi naturel que trier ses déchets, éteindre la lumière en quittant une pièce ou couper l’eau du robinet.

Ce sont des gestes simples, parfois invisibles pour la majorité, mais essentiels pour d’autres.

Rendons l’accessibilité accessible à tous !

L’accessibilité numérique n’est pas une option ni une contrainte. C’est une opportunité : celle de construire un numérique plus juste, plus efficace, et plus respectueux des besoins de chacun.

C’est en connaissance de cause que l’équipe de Codérément agit aujourd’hui. Nous veillons à rendre nos sites Web le plus accessibles possible. Une validation des 106 critères du RGAA serait trop coûteuse pour nos clients qui recherchent avant tout un service de qualité à un prix abordable. Cependant, dans notre offre clé en main, nous veillons à respecter les principes de base tels que : une structure HTML optimisée, les textes alternatifs sur les images qui apporte du sens aux écrits, la taille du texte et les typographies utilisées, le respect des rapports de contrastes, des formulaires simples et accessibles ou encore l’utilisation minimum de composants dynamiques pour les éléments de navigation.

Que vous soyez une institution, une entreprise, un artisan ou un créateur de contenu, vous avez le pouvoir d’agir. En appliquant les bonnes pratiques, vous rendrez votre contenu accessible à tous.

Sources listées dans l’article :

Aurélie

Aurélie

Chargée de projets

Depuis bientôt 15 ans, j’accompagne les associations, ainsi que les professionnels du secteur privé et public, dans leurs projets de création ou de refonte de sites Web.

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